Le tattoo dans le pacifique

 

Tatoueurs, techniques et instruments

scéance de tatouage polynésien au peigneLes tatoueurs étaient des personnages importants et respectés dans l'ancienne société polynésienne.

Prêtres-artisans, détenteurs d'un savoir ancestral, leur art était indispensable au bon déroulement de la vie communautaire. Ils intervenaient tant au cours de grandes cérémonies réunissant tout le village que dans lintimité quotidienne.

L'accès à l'art du tatouage était ouvert à tout individu qui en exprimait le desir.Il fallait suivre un long apprentissage auprès d'un des maîtres de cet art, pour en connaître les secrets, alliant une vaste connaissance des rituels religieux à une grande dextérité dans le maniement des instruments.

divers peignes de tatouage polynésienCeux-ci étaient faits de divers peignes d'os, de nacre ou de dents qui, trempés dans un colorant noir, incisaient la peau sous les coups d'un long maillet qui frappait en cadence.
En Nouvelle-zélande, la tradition exigeait l'utilisation de petites herminettes ou burins, qui "sculptaient" la chair avant que ny soit introduite la teinture.

Le révérend-père Garcia, qui fut missionnaire aux Marquises de 1839 à 1842, dans ses lettres aux Iles MarqUises (1843), décrit ainsi une scéance de tatouage: "le patient était couché sur la "paille" entre les mains de plusieurs compagnons qui le tenaient comme pour l'Opération de chirurgie la plus douloureuse, et le jeune tatoueur, penché sur lui, ayant à ses côtés ses tasses de diverses teintures et ses poinçons, espèces d'ossement de poisson très assérés, lui dessinait sur le corps mille figures fort jolies, dentelles, broderies, images de poissons; puis, après le dessin trace, lui enfonçait dans l'epiderme, des aiguilles imbibées d'une encre indelebile".
les tatoueurs avaient peu de possibilités d'innover: les motifs et leurs emplacèments sur le corps étant codifiés par une pesante tradition.

Tout écart pouvait se voir sanctionne par un tribunal de maÎtres tatoueurs.
Cependant, les grands maîtres-tatoueurs, connaissant parfaitement la tradition, arrivaient à inventer des agencements de motifs à travers lesquels transpirait leur marque, sans pour autant déroger à la tradition.

 

tatouage au peigne polynésienLors de l'opération, le tatoueur s'entoùrait de plusieurs aides, qui avaient pour rôle de maintenir le suiet, de tendre sa peau et d'essuyer le sang qui ne devait en aucun cas toucher le sol.

On invoquait les dieux pour favoriser la cicatrisation et pour qu'ils dispensent leurs bienfaits sur le tatoueur et le tatoué.

Lorsque se finissait le tatouage d'un fils de chef, par exemple, tous les interdits liés à l'operation étaient levés.

On organisait une grande fête pour renvoyer les esprits dans le Po (nuit originelle, demeure des dieux) et pour célébrer les nouveaux tatouages.

Tout le village participait aux cérémonies de fin de tatouage.

 

 

MARQUES ET MOTIFS

Grâce aux descriptions des naturalistes joseph Banks et Charles Darwin ou aux analyses de Karl von den Steinen qui s'intéressa plus particulierement aux iles Marquises, l'art traditionnel du tatouage polynésien nous est relativement bien connu. les tatouages reproduits par les dessinateurs qui accompagnaient les explorateurs du XVIII et du début du XIX siècle ont permis aux anthropologues actuels de développer une certaine connaissance de ce mode d'expression artistique majeur dans la Polynésie ancienne.