Les Marquises
L'ART DU TATOUAGE
À cause de l'isolement et de l'éloignement des iles Marquises, c'est dans cet archipel que les anciennes traditions polynésiennes ont le mieux fait front à l'acculturation consécutive à l'arrivée du pouvoir occidental et des missionnaires.
C'est pourquoi, au début de ce siècle, on trouvait encore un grand nombre d'individus tatoués aux Marquises, ce qui explique l'immense connaissance que nous ayons auiourd'hui de l'art du tatouage dans cet archipel, comparé au reste de la Polynésie.
Les corps des hommes comme des femmes y étaient entièrement tatoués de motifs géométriques complexes, y compris le visage.Les motifs pullulent, mais il est possible de degager quelques grandes familles décoratives.
En première place vient lè Tiki, l'ancètre déifié.
Tous ces traits étaient utilisés séparément : les oreilles, le nez,les yeux étaient stylisés à l'extrême ou au contraire faisaient l'objet d'une grande fantaisie.
Une face de Tiki était parfois recomposée à partir de motifs animaliers ou végétaux en un ensemble très complexe qui était généralement tatoué sur les genoux ou les mollets.
Les symboles dérivés de l'extrémité du Tiki étaient très nombreux.
Le symbole de la main est peut être celui qui a généré le plus de motifs de tatouage.
Les motifs issus du règne animal étaient également très nombreux.Le lézard (mo'o) et la tortue (kea) occupent des places de choix.Le lézard était autrefois tatoué sur le visage des hommes de haut rang.C'est vraisemblablement un motif identique qui donna son nom au moko des Maoris de Nouvelle- Zêlande.
La tortue, quant à elle, est un animal qui a été souvent employé mais on la reconnaît à peine tant les tatoueurs l'ont symbolisé ou simplifié.
L'art du tatouage met également en scène l'hirondelle et le phaëton : le premier motif se tatouait traditionnellement sur l'épaule des hommes, le second sur l'index des femmes, marque sans laqgelle elles ne pouvaient participer à certaines cérémonies.
Les tatouages marquisiens comprenaient bien sûr de nombreux motifs issus de la faune de l'océan, élément auquel les polynésiens vouent un puissant attachement : Poissons déclinés en dents, écailles, arrêtes, Queues..., baleines, raies géantes, requins, crustacés, crabes, ou coquillages.
Beaucoup de ces motifs ont été si stylisés que bien souvent on ne les reconnait que par leur nom, leur aspect étant devenu indéfinissable.
Une série de motifs illustrait les métiers et les activités des Polynésiens : les hameçons des pêcheurs, leurs tridents ou leurs filets, les champs et les outils des cultivateurs, les coupes et les bols de bois servant à conserver la nourriture, la conque qu'utilisait le chef pour lancer les appels importants, les vanneries, les nattes, les bandes de tapa... toute la vie quotidienne des Marquisiens pouvait se lire sur leur peau.